ORIGINES DU PROJET

Soutenue par les Relations internationales de la ville de Lille, Music and Peace a envisagé de partir en mission à Saint-Louis du Sénégal, ville jumelée avec la ville de Lille.
L’association, à but non lucratif, poursuit un objectif d’intérêt général à travers les activités et missions suivantes :
- Proposer, organiser et participer à des échanges culturels ou éducatifs et plus particulièrement musicaux, en France et dans le monde.
- Proposer, organiser et participer à des projets de réinsertion par la musique en milieu carcéral. Ces projets en milieu carcéral poursuivent un objectif à la fois culturel, social et éducatif.
- Proposer, organiser et participer à des projets musicaux en milieu hospitalier.
- Proposer, organiser et participer à toute activité visant à utiliser la musique comme moyen d’apaisement, d’insertion et de communication.
Le projet d’échange culturel et musical à Saint-Louis du Sénégal vise à répondre aux objectifs fixés par les missions citées précédemment.

CONTEXTE DE PRODUCTION

Avant toute chose, voici quelques points sur le contexte culturel dans lequel le projet s’inscrit.
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LE SÉNÉGAL

Situé sur la côte Ouest de l’Afrique, entre la Mauritanie et la Guinée et Guinée-Bissau, héritier de plusieurs royaumes et de divers morcellements politiques, le Sénégal est devenu un point commercial stratégique à partir du 16e siècle. Les empires coloniaux européens y sont venus dresser des comptoirs, bases du commerce triangulaire, négoce d’esclaves et de marchandises entres l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

La France y a établi quelques villes, dont Saint-Louis. A partir de 1895, la partie ouest de l’Afrique sera petit à petit colonisée, et sera renommée Afrique-occidentale Française.
En 1960, La république sénégalaise prend son indépendance. Depuis cette date phare, et son premier président Sendar Senghor, l’organisation politique du Sénégal tourne autour d’un Etat laïc, avec un régime présidentiel pluraliste. Ce pays le plus stable de toute l’Afrique n’a jamais connu de coup d’Etat. Avec sa situation géographique côtière, il fait partie des pays africains à l’économie la plus développée, reposant sur une industrialisation très liée aux pays européens.
La majorité de la population est regroupée à l’ouest du pays, principalement autour sa capitale, Dakar (25%). La population, en partie francophone, regroupe une vingtaines d’ethnies, s’exprimant en divers langages. Cette population est très jeune (58% de moins de 20 ans), et peu scolarisée. Seulement 42% de la population est active, et la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

SAINT LOUIS DU SÉNÉGAL

Saint-Louis, ville du nord du Sénégal, est située à quatre heures de route de Dakar. L’île de Saint-Louis fut l’une des premières colonies européennes en Afrique Occidentale. Elle fut même la capitale du Sénégal lorsque celui-ci fut colonisé par la France. L’influence française y est aujourd’hui omniprésente : de la langue parlée aux superbes bâtisses coloniales. Saint-Louis possède également un riche héritage traditionnel, niché dans les villages de pêcheurs, éparpillés sur le littoral. Le chef-lieu de de la région, Saint-Louis, est une ville historique inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Il s’agit d’un pôle économique, démographique, administratif et institutionnel incontournable pour la région. L’hospitalité est une des principales qualités des familles sénégalaises de Saint-Louis.

SON JUMELAGE AVEC LILLE

Lille et Saint-Louis sont jumelées depuis 1978 et un lien très fort les unit. Depuis 1981, l’association Le Partenariat intervient sur la région de Saint-Louis autour de deux objectifs : aider au développement local, susciter et encourager les jumelages et les échanges entre Lille et Saint-Louis, entre le Département du Nord et la région de Saint- Louis, dans un esprit de réciprocité.
Aujourd’hui l’association accorde une im- portance majeure à l’éducation et au développement durable dans ses dimensions sociale, économique et environnementale. Le centre Gaïa, créé en 2006 par Le Partenariat, sensibilise enfants et adultes aux échanges entre régions du monde en proposant différentes activités, toujours dans une démarche de pédagogie active adaptée aux publics.
En 2011, un projet d’implantation de Mai- son Folie avait été étudié à Saint-Louis pour accueillir des activités culturelles le long du fleuve.
De nombreuses coopérations font vivre ce jumelage, impliquant diverses associations artistiques, le CHRU de Lille, ou bien d’autres associations motivées par l’entrai- de internationale.

LA MUSIQUE SÉNÉGALAISE

La musique sénégalaise puise ses origines dans la pratique des griots, qui chantaient à la gloire des rois. Les griots étaient une caste à laquelle était réservée la pratique du chant qui se transmettait de père en fils.
D’autre part, la pratique des percussions est traditionnellement ancrée dans la vie quotidienne.
Aujourd’hui, c’est le courant musical du mbalax qui est le plus populaire. C’est un type de musique très rythmé, associé à la danse. Il est issu de la tradition wolof du sabar, qui désigne à l’origine un tambour, utilisé pour communiquer d’un village à l’autre, pour rythmer les travaux champêtres, pour accompagner la lutte sénégalaise ou animer les fêtes. De manière générique, le sabar désigne également la danse et le rythme liés à l’instrument. Le mbalax est issu d’une combinaison de rythmes obtenue par plusieurs tambours sabars.
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Dans les années 40, le maître tambour Bouna Mbass Gueye en fait une musique nationale. Le mbalax fait école auprès de nombreux percussionnistes et devient le rythme phare du pays. Il se complexifie dans les années 60, et des artistes l’intègrent dans d’autres genres de musique (afro-cubaine, soul, rumba, musique mandingue, jazz, pop, rock...).
Depuis les années 80, des artistes comme Youssou N’Dour exportent le mbalax à l’étranger et font de la musique sénégalaise l’une des plus connues d’Afrique. Ce courant domine les autres traditions musicales qui peinent à exister ; l’industrie du disque et la commercialisation de la musique ne font qu’accentuer ces effets.

LA VIE MUSICALE À SAINT-LOUIS

Le Festival international de jazz de Saint- Louis existe depuis 1992, et a lieu au mois de mai (du 11 au 16 mai en 2016). C’est un festival très important, qui fait venir des artistes du Sénégal et d’ailleurs (USA, Turquie, Israël, Cuba...). Le jazz a été amené par les américains pendant la Seconde Guerre mondiale et a fait éclore toute une génération de jazzmen à Saint-Louis.
Le Festival Rapandar est, lui, consacré au hip-hop et fait venir des musiciens et groupes de rap du Sénégal, d’Afrique et du monde entier. Il a lieu fin avril et se place délibérément dans une optique d’échange entre citoyens du monde.
Le fanal est une grande fête populaire en décembre, rassemblant la population autour d’un défilé au son des tam-tams.
L’Institut français a également une programmation musicale riche et propose également des ateliers culturels aux enfants (slam par exemple).
L’école de musique « Cordaba » enseigne la kora (instrument à cordes pincées d’Afrique de l’ouest) aux enfants, garçons et filles (initiation, apprentissage, perfectionnement). Elle a été fondée par Ablaye Cissoko dans l’objectif de transmettre la pratique de la kora, traditionnellement réservée aux griots.

PROBLÉMATIQUES

Notre projet tente de répondre à certaines problématiques culturelles actuelles qui nous importent.
Comment créer des passerelles entre les cultures ? Comment permettre aux cultures, musiques traditionnelles d’être mieux valorisées dans leurs pays tout en ayant une visée internationale ?
La survie d’une culture dépend de sa capacité à s’adapter. S’adapter, c’est s’ouvrir aux autres traditions et autres courants novateurs et accepter les changements possibles.
Dans ce cadre, comment peut-on proposer une rencontre pertinente entre musique dite classique et cultures sénégalaises ? Comment peut-on avoir de l’influence sans s’imposer ? Comment créer un enrichissement humain, social et musical mutuel ?
D’autre part, un lien historique unit la France et le Sénégal. Aujourd’hui , nous sommes loin du colonialisme. Saint-Louis du Sénégal bénéficie d’une ouverture culturelle extraordinaire qui lui permet de s’enrichir, et voit de nombreux projets se développer, notamment dans le cadre du jumelage avec la ville de Lille.
Nous souhaitons entretenir ce jumelage et apporter un projet basé sur un échange constructif.
C’est à travers ces différentes problématiques que notre association propose un projet élaboré avec des objectifs précis.

LES OBJECTIFS

En-dehors des objectifs définis par les problématiques exposées précédemment, notre projet s’intègre dans le cadre du jumelage existant depuis 1978 entre les villes de Lille et de Saint-Louis du Sénégal.
Ce projet permettra de mettre en valeur les actions internationales de la région des Hauts de France en impliquant des acteurs culturels de cette région (l’association et tous ses membres y sont implantés et impliqués professionnellement).
D’autre part ce projet n’a pas pour but une action ponctuelle mais souhaite s’inscrire dans la pérennité en créant des liens professionnels et humains sur lesquels un travail musical et artistique peut être envisagé.
La coopération artistique et financière sera donc la base de la construction de l’échange.
En plus du soutien apporté par les Relations internationales dans le cadre du jumelage et celui apporté par le Rotary club, le projet sera bâti en collaboration avec l’Institut français et la Métropole européenne de Lille. Nous travaillerons sur place avec des structures culturelles comme par exemple Le château ou l’école de Kora.

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PROJET

Le projet s’est étalé sur 10 jours, durant les mois d’octobre et de novembre 2017, permettant ainsi de combiner vacances scolaires pour la ville de Lille et rentrée scolaire pour la ville de Saint Louis.
Il s'est développé suivant les trois axes suivants :
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LES ACTIONS ÉDUCATIVES

L’association Music and Peace a profité de cet échange pour s’intégrer dans un projet de correspondance entre une école primaire de Lille et une école de Saint-Louis. L’ambition de cette coopération étant de favoriser un échange culturel afin que les deux classes s’enrichissent respectivement de leurs différences. Les enfants ont découvert une nouvelle approche du monde par le biais de l’écrit, de la photo, de la vidéo ou encore la musique.
Après discussion avec les Relations Internationales, l’école Chénier Séverine à Lille a été choisie pour ce projet; Camille Dine, professeur des écoles et membre de Music and Peace a assuré le lien sur place entre les deux écoles. La partie musicale a étéencadrée par Clémentine Godbille, musicienne intervenante, faisant partie également de l’association. La musique africaine a été abordée à travers l’instrument roi de ce continent : le djembé.

LES ACTIONS DE SENSIBILISATION

Parmi les missions fixées par l’association, figurent les actions à destination des publics empêchés, c’est-à-dire les publics ne pouvant se déplacer dans les salles de concerts ou n’ayant pas les moyens d’accéder à une éducation culturelle.
Ces actions ont été mises en place à l’hôpital Ousmane Ngom, à l’école de la gare et à l’association La Liane.
Pour ce type d’action les musiciens de Music and Peace privilégient de courts concerts en petit groupe (par exemple quatuor à cordes), encadrés par une médiation et/ou une participation du public, facilitant l’approche et la découverte musicale.
Les objectifs étaient les suivants: faire découvrir le répertoire classique et ses instruments, faire de ce moment une expérience musicale de partage.

LES CONCERTS

L’association a souhaité proposer différents concerts en cohérence avec les structures culturelles de Saint Louis.
Le centre chorégraphique le château est le QG de l’Association Diagn’Art, un centre culturel ancré dans la ville, un espace de recherche, de formation et de résidence pluridisciplinaire pour les artistes sénégalais et internationaux, ainsi qu’un lieu de diffusion. Dans ce cadre, un spectacle musique et danse a été proposé aux habitants Saint-Louis. La représentation a été préparée en collaboration avec le centre chorégraphique durant le séjour.

Saint-Louis bénéficie de la présence d’un joueur de kora très connu, Abblaye Cissoko.
Connaissant le parcours de ce musicien ainsi que ses opinions sur les perspectives d’adaptation de la musique sénégalaise traditionnelle au monde actuel et, au vu des projets réalisés (son école, ses concerts à travers le monde et en collaboration avec de nombreux musiciens), l’association Music and Peace ne pouvait qu’envisager un travail musical commun entre l’orchestre classique et Abblaye Cissoko accompagné de quelques musiciens sénégalais.
Les objectifs de ce travail ont été de fusionner intelligemment des cultures et esthétiques musicales différentes. Lors de ses précédents projets, l’association a réussi le pari de proposer plusieurs concerts «fusion», par exemple avec un ensemble de musique andalouse originaire d’Algérie.
Tout en s’attachant à obtenir un résultat de qualité, il nous a appartenu de démontrer qu’aucune culture n’est fermée sur elle-même et qu’un enrichissement mutuel se concrétise au fil des rencontres.
Pour s’imprégner au maximum de l’univers d’Abblaye Cissoko, une visite de son école de kora a été effectuée.
Enfin, un concert a été donné par les musiciens de Music and Peace, proposant une programmation uniquement classique à l’Institut français de Saint-Louis.

Film de restitution

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